La bonne Sainte-Anne de Beauce
Le 26 juillet 2008, le sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré fêtait officiellement ses 350 ans…et à Sainte-Marie-de-Beauce, la chapelle Sainte Anne célèbrait ses 230 ans. En effet, la 1re chapelle de bois, dédiée à Sainte Anne fut construite en 1778, sous l’instigation des habitants et de la famille seigneuriale Taschereau de Sainte-Marie. Fondée en 1737, la Nouvelle-Beauce accueillera, surtout avec la Conquête britannique, des colons de la Côte de Beaupré et de l’Île d’Orléans…habitués aux dévotions à Sainte Anne.
En Beauce, ce lieu de culte devait servir pour les trois premières localités de la région, Saint-Joseph, Sainte-Marie et Saint-François; on accommodait ainsi ces fidèles voulant se rendre difficilement en pèlerinage à Sainte-Anne-de-Beaupré. On accourait de partout en Beauce. Bâtie sur le domaine seigneurial, la chapelle sert aussi d’ex-voto contre les ravages des inondations de la Chaudière. L’artiste François-Noël Levasseur sculpte une naïve statue de bois de la Sainte, placée à l’avant-chœur du temple en 1778. En 1779, François Ranvoyzé livre un calice et un ciboire.
Fait cocasse, en 1810, une ordonnance de l’évêché exhorte de cesser les messes solennelles du 26 juillet à la chapelle, vue les libations alcooliques de certains pèlerins particulièrement fêtards.
Une seconde chapelle de pierre fut inaugurée en 1832. Le 9 juillet 1828, un contrat de maçonnerie et de charpente est accordé à Vital Rêche. La voûte est l’œuvre de Berlinguette.Une ancienne relique, la parcelle d’un petit doigt de Sainte Anne est offerte en vénération dès 1843. La même année, une toile d’Antoine Plamondon rehausse le maître-autel. Le reliquaire comprend aussi du bois de la croix du Christ, du vêtement de Marie, du manteau de Joseph, du cordon d’Antoine de Padoue, etc. La famille Taschereau s’y réserve un caveau funéraire.
En 1890, un présumé miracle guérit la maladie incurable affectant depuis 52 ans Thomas Girard, un Mariverain âgé alors de 76 ans. Bientôt, on allait reconstruire plus grand! En granit des champs, la chapelle actuelle date de l’automne 1892. Ayant conçu l’hôtel de ville de Québec, l’architecte Georges-Émile Tanguay en sera le maître d’œuvre. L’intérieur fut parachevé en 1903. L’année suivante, un orgue Casavant enrichit les cérémonies.
Riche passé, garant de l’avenir...« À sept lieues d’ici, il y a un bourg appelé le petit Cap, où il y a une église de sainte Anne dans laquelle Notre-Seigneur fait de grandes merveilles en faveur de cette sainte mère de la très sainte Vierge. On y voit marcher des paralytiques, les aveugles recevoir la vue et les malades de quelque maladie que ce soit recevoir la santé », affirme Marie de l'Incarnation, en 1665.
Combien de médailles, croix, statuettes et images pieuses ont été rapportés de pèlerinages annuels à Sainte-Anne-de-Beaupré et à Sainte-Marie-de-Beauce! Tradition trois fois et demi centenaire, d’une génération à l’autre.
Le toponyme Sainte-Anne fleurit partout : à Chicoutimi, à Danville, à Portneuf-sur-mer, à Sorel, à la Pérade, à Roquemaure, à Rimouski, à Varennes, à Yamachiche, à la Pocatière…et combien d’avenues, de boulevards, de chemins, de rues, de lacs, de rangs, etc. Plusieurs nations amérindiennes vénèrent Sainte Anne comme leur patronne.
La revue dite Les Annales Sainte-Anne a souvent été la seule publication à entrer dans certains foyers du Québec. La chapelle Sainte-Anne, un lieu de culte beauceron oublié?
André Garant
Source :
La Bonne Sainte Anne de Beauce, Société historique de la Chaudière, 60 pages, Abbé Honorius Provost, 1950.
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