M. Mme Achille Goulet et la tragédie de l’Obiou (1950).

Les photos 2 à 7 sont de M. Philippe Lecourtier, France

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Les autres photos sont de la famille Achille Goulet

http://glaizil.over-blog.com/article-accident-d-un-avion-de-pelerins-canadiens-1950-contre-la-montagne-de-l-obiou-suite-57823382.html

Les photos de M.Mme Achille Goulet, un court article et un renvoi sur le site : patrimoine beauceville est maintenant disponible en France sur le site de M. Lecourtier et M. Boeuf.

Achille Goulet (1898-1950) est le fils de Pierre Goulet (1861-1941) et de Euphrosine Godbout (1866-1936) de Saint-Gervais de Bellechasse. De 1918 à 1923, il est professeur à Saint-Calixte de Plessisville. Le 29 juin 1921, Achille Goulet y épouse Olivine Faucher (1900-1950), fille de Cléophas Faucher (1874-1945) et de Aurélie Lacasse (1876-1965)

Sœur d’Achille, Maria Goulet et son conjoint Joseph Baillargeon sont les parents des réputés hommes forts, Jean, Charles, Adrien, Lionel, Paul et Antonio Baillargeon, natifs de Saint-Magloire. Maria Goulet pesait près de 300 lb et mesurait six pieds. Paraît-il que la force extraordinaire des Baillargeon origine du côté d’Euphrosine Godbout. Selon sa fille Thérèse, Achille Goulet avait de larges mains.

Âgé de 25 ans, Achille, son épouse et leur fille Madeleine (1922) viennent s’installer à Beauceville où naîtront quatorze autres enfants : Yvonne (1924), Alfred (1926), Thérèse (1928), Monique (1929), Cécile (1931), Philippe (1932), Anonyme mort-né (1933), Louis (1934), Jean (1935), André (1936), Pierre (1938), Philéas (1940), Jacques (1941) et Hélène (1943). Son épouse décédée en 1936, Pierre Goulet habitera chez son fils Achille jusqu’en 1941. La plupart du temps, les Goulet pourront compter sur une ou deux servantes à la fois.

À remarquer que les jeunes filles Goulet fréquenteront à tour de rôle l’École Normale; cependant, cinq feront carrière comme infirmières et Hélène sera enseignante. Philippe fera partie de l’aviation avant de se lancer dans l’entreprise Panda chaussures à Montréal. André sera à l’emploi d’IBM, Jean et Pierre seront formés à l’École technique. Quant à Louis Goulet, en 1967, il aura été un des ingénieurs civils responsables de la construction du Barrage Sartigan à Saint-Georges-de-Beauce.

Achille occupera un poste de professeur à l’École Normale de Beauceville, ouverte en 1923. Il enseigne alors les mathématiques et la pédagogie pendant 27 ans. Ainsi, il logera sa famille sur le futur Boulevard Renault sud-est, dépassé le Bois des amoureux, vers la petite côte dite de la Voirie ou du Ministère des Transports du Québec. Il y a plusieurs années, cette maison a été déménagée. Depuis 1977, la Maison Renault est sise dans cet environnement où autrefois était la petite école Dollard, où Béatrice Grégoire et Lionel Veilleux enseignaient.

M. Goulet demeure très impliqué dans la communauté de Beauceville : commissaire d’école, conseiller municipal, membre du Conseil de surveillance de la Caisse Populaire de Beauceville, président des Lacordaires et des ligues du Sacré-Coeur du Vicariat 13. Il est aussi le promoteur de l’École presbytérale de Beauceville qui opère de 1947 à 1954. Maire de Beauceville-Ouest (1947-1949), M. Goulet fera beaucoup de représentation pour l’obtention d’un aqueduc moderne presqu'entièrement terminé en 1949; d’ailleurs, au printemps 1950, sous le mandat du maire Charles Poulin, cet aqueduc est inaugurée officiellement. Il collabore même à la reconstruction de l’usine Planchers Beauceville

Fondée en 1925 à Beauceville, avec Joseph Tanguay, Majorique Gilbert, Henri Renault, Joseph-Henri Desrochers et Philippe Angers, Achille Goulet est copropriétaire de la manufacture de chaussures, la plus ancienne de la Beauce. À Vallée-Jonction, en 1939, il devient coactionnaire de The Valley Shoe Co. avec J.D.Vachon, Eusèbe Vachon, Hector Latulippe, Wilfrid Cliche, Louis-Denis Jacob et Linière Jacob.

Achille achète même deux grandes terres adjescentes au rang Saint-Joseph à Beauceville. Entreprenant, aussi cultive-t-il des pommes de terre en quantité industrielle et il s’adonne à l’apiculture. Sa fille Yvonne élèvera de nombreuses dindes sur cette ferme familiale.

À partir de 1934, la famille Goulet habite l’ancienne résidence du notaire et ancien maire de Beauceville (1908-1910 et 1915-1919), Félix-Georges Fortier, sur l’avenue Lambert de l’ouest de Beauceville. Petit clin d’œil historique, Achille Goulet aimait bien jouer du bridge en couple avec Joseph-Odilon-Valérien Quirion, Alonzo Jolicoeur et Lucien Lachance; plus tard, en 1963, le Club de bridge de Beauceville sera le premier organisé en Beauce. Ayant déjà compétitionné au bridge au Château Frontenac, M.Goulet se permettait de donner la répartie au cardinal Rodrigue Villeneuve (1883-1947), en visites épiscopales à Beauceville.

Entre temps, tous les chemins mènent à Rome…Le 1er novembre 1950, le dogme de l’Assomption de la Vierge Marie est proclamée. De plus, une nouvelle paroisse voit le jour dans le secteur Est de Saint-Georges-de-Beauce, soit la paroisse L'Assomption, érigée canoniquement le 22 juin 1950 de l’Année Sainte. Un natif de Beauceville, Jean Duval à Charles (1898-1989) y est nommé curé. Ainsi, un pèlerinage se met bientôt en branle pour se rendre à Rome. Le curé Duval est accompagné, entre autres, des abbés Odina Poirier et Charles-Auguste Légaré.

Le 13 octobre 1950, M. Mme Goulet et 120 Canadiens prennent place à bord du navire S.S. Columbia en vue de visiter Fatima (24 octobre), Lourdes (27 octobre), Montmartre à Paris (29 octobre), Lisieux (31 octobre). Le but ultime est d’assister à Rome à la béatification de Marguerite Bourgeois et de la proclamation du dogme de L’Assomption. Avec 700 000 pèlerins, les Goulet sont sur place le premier novembre et sont reçus, avec 1100 fidèles, en audience par le Pape Pie XII (1876-1958).

Pendant ce temps, le 30 octobre 1950, Beaucevillois d’origine, le curé-fondateur de la paroisse l’Assomption, l’abbé Jean Duval est dans un avion qui, après une heure de vol doit retourner à Dorval. Le lendemain, en route pour Gander Terre-Neuve, cet avion peine à voler à cause du verglas. Donc, Jean Duval et son groupe ratent les cérémonies romaines du 1er novembre. Des visites touristiques comblent l’attente.

Près de deux semaines plus tard, le 12 novembre, plusieurs Canadiens crient Viva El Papa lors de la béatification de Marguerite Bourgeois. Le Pape accorde aussi une audience publique aux Canadiens. Le déjeuner terminé, il est plus de neuf heures.

Le groupe d’Achille Goulet rejoint celui du curé Jean Duval. Peu après, en ce 13 novembre 1950, un autobus se dirige rapidement au sud de l’Italie, à l’aéroport de Campiano. Ces fidèles visiteurs montent à bord d’un avion (immatriculé CF-EDN) Douglas C-54 B-16 DC Skymaster de la Curtiss-Reid Aircraft ltd (devenu Canadair), le Pèlerin canadien, propriété de MM.Olivier, Lefebvre et d'Orsennens.

Le lundi 13 novembre 1950, à 14 heures seize, en route pour Paris, alourdi par de la glace aux ailes, cet avion s’écrase dans les limites du Dauphiné et des Alpes de Haute-Provence française, à 8000 pieds d’altitude, au flanc de la Grande Tête du Mont Obiou : 51 pèlerins et 7 membres d’équipage périssent sur un plateau montagneux, du côté des hameaux de Corps et La Croix de la Pigne. L'avion explose et projette des débris à plus d’un kilomètre. Treize prêtres et religieux sont de l'hécatombe.

Deux autres Beaucerons sont au nombre des décès, soit le curé de Saint-Philibert, l’abbé Paul-Émile Arsenault et Charles-Émile Ménard d’East-Broughton. Natif de Lambton, Mgr Aderville Bureau et le curé de Saint-Isidore, l'abbé Isidore Drouin périssent aussi. Pendant cinq heures, sous la pluie et la neige, plus de 250 secouristes besognent. L’identification et le transport des victimes durent une semaine.

En 1946, un avion militaire américain a déjà heurté ce massif de montagne et fait quatre victimes. En 1950, le pilote aurait fait une erreur de navigation et se serait éloigné d'une centaine de kilomètres de sa route normale. En 1990, on émet l’hypothèse du détournement avorté de cet avion de 1950.

Mgr Maurice Roy (1905-1985) se rend alors à Grenoble pour une absoute. Les victimes sont ensuite transportées dans un charnier de marbre blanc du cimetière Saint-Roch de Grenoble. En présence de l’évêque auxiliaire de Québec, Mgr Charles-Omer Garant (1899-1962), les corps sont inhumés dans le cimetière du Petit-Sablon. Les 47 cercueils sont disposés dans le même ordre que dans l’avion. Avec le temps, Yvonne, Jean et Philippe Goulet iront se recueillir à ce petit cimetière français. Plus tard, soit le 14 mars 1951, une loi du Québec décrète les décès des 53 Québécois à toutes fins de droit. En septembre et octobre 1953, 47 victimes seront transférées près d’une chapelle datant de 1855, dans un pré de la Commune de l’Isère, à la Salette-Fallavaux, célèbre pour son apparition de la Vierge en 1846. Au fil des ans, quelques corps sont rapatriés au Canada. Achille Goulet et son épouse reposent toujours en France.

En 1950, grâce au premier ministre Louis St-Laurent, marié à la Beaucevilloise Jeanne Renault, 47 pèlerins reviennent au Canada sur la TWA. Le 21 novembre 1950, trois autres touristes, dont le curé Jean Duval, s’envolent d’Orly pour Montréal...leurs heures n'étaient pas arrivées!

En 1953, la famille Goulet quitte Beauceville. Leur maison est achetée par Léandre Bernard propriétaire à Beauceville de l’Hôtel Veilleux devenue l’Hôtel Royal. Cette demeure du 218 avenue Lambert est aujourd’hui la Maison d’Élyse d’André Lafleur et de Lise Bouthillier.

Après un conseil de famille, les enfants d’Achille et Olivine achètent une maison sur le Boulevard Henri-Bourassa à Québec. Madeleine est mariée depuis 1947, Thérèse en 1953, donc les plus jeunes de la famille comptent sur le soutien de Yvonne, Monique.et Cécile. Pas d’adoption. Le clan Goulet sera uni malgré le décès tragique de leur père et mère.

André, Pierre et Philéas auront séjourné un certain temps en Californie. En octobre 2009, sept des quinze enfants d’Achille Goulet et Ludivine Faucher sont toujours vivants, soit à Québec (Thérèse, Cécile, Louis, Hélène et Philéas) et à Montréal (Jean et Monique).

Enfin, comme ses frères et sœurs, Thérèse Goulet avoue avoir vécu de bien belles et heureuses années avec ses parents. Cette saga de la famille Goulet démontre, malgré tout, du positif : affronter les problèmes de la vie, trouver des solutions, regarder en avant et aimer les siens…aimer la vie! Achille et Olivine n’auront pas vécu pour rien.

Il faut prendre la flamme du passé, non les cendres!

Thérèse Goulet, née à Beauceville le 9 février 1928.Mme Goulet-Dionne réside à Québec.

Les 7 frères Goulet: Jacques, André, Jean, Louis, Phil et Pierre

Photo: Andrée Roy

(Entrevue du 29 octobre 2009 par André Garant)

Depuis le 7 novembre 1955, Beauport a baptisé une Avenue de l’Obiou, car le vicaire Émilien Martel (1908-1950) et Arthur Pelletier, président du syndicat du Textile de Montmorency, y ont péri. Devoir de mémoire.

Et pour se souvenir en vidéo:

http://glaizil.over-blog.com/ext/http://www.youtube.com/watch?v=1jqfUuMo79c

4 minutes 21 secondes

Liste des victimes

( Louis-Edmond, L'Obiou, entre Dieu et Diable, Éditions du Méridien, 1990).

Un des treize enfants de Joseph Arsenault et de Éva Boulet, Paul -Émile Arsenault est né le 17 Août 1904 à Saint-Gervaisde Bellechasse. Arrivé de la paroisse Saint-Malo à Québec, de 1943 à 1950, l’abbé Arsenault devient curé de Saint-Philibert, en Beauce. Quatre prêtres sont issus de cette famille : Antonio (1903-1997), Paul-Émile (1904-1950), Luc (1912-1982)et Albert, Dominicain. Leur sœur Yvonne (1894-1986) était Missionnaire d’Afrique. Ils sont les neveux et nièce de Mgr Clovis Arseneault, de l'archevêché de Québec, et de Mgr Auguste Boulet, supérieur du Collège de La Pocatière.

Les parents du curé défunt achètent un monument, une statue de la Vierge Marie, qui est placée en face de l’église.

***

Né le 5 février 1903 à Saint Vital de Lambton, Mgr Aderville Bureau est le fils de Josaphat Bureau et de Paméla Philippon. C'est lui qui organisa une bonne partie du péleriange et qui obtint une audience avec le Saint Père.

Il était licencié en philosophie, docteur en théologie, docteur en droit canonique, licencié en droit civil. De 1930 à 1949, il est professer de droit administratif à la faculté de droit canonique du Séminaire de Québec, dont il est le doyen fondateur.Il devint une compétence reconnue en matières de droit public de l’Église, de droit paroissial, etc.

En juillet 1949, il est nommé official diocésain et secrétaire du conseil épiscopal. De plus, il est délégué de l’Ordinaire pour toutes les affaires temporelles des Fabriques et des autres corporations religieuses.

Au mois de mars 1950, le Pape Pie XII le sacre prélat domestique, chanoine.

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Charles-Émile Ménard d’East-Broughton. Fils de Charles Ménard et de Marie-Anna Labbé, le 18 juillet 1936 à East-Broughton, il épouse Jeannette Turmel, fille de Léonidas Turmel et de Albéric Giguère.

En ce 60e anniversaire du désastre, un groupe de Français a eu l'idée de remettre à neuf le cimetière dédié aux victimes de l'Obiou. En effet un mémorial a été fabriqué à partir des débris métalliques de l'appareil, qui ont été retrouvés et remisés dans un entrepôt. L'œuvre est dévoilée à la Salette Fallavaux, en France, le 13 novembre 2010. Des bénévoles ont rafraîchi le site, mais il reste à trouver les fonds pour la réfection des pierres tombales qui a coûté 11 200$.

À la fête de Notre-Dame de la Salette, le 19 septembre 2010, une plaque-souvenir est dévoilée à Québec, lors d'une messe spéciale, à 10h, à l'église Saint-Jean-Baptiste sur la rue Saint-Jean. Mme Thérèse Goulet-Dionne était présente et me confiait:

« Dimanche, je suis allée à la messe à l'église Saint Jean-Baptiste. Nous étions 280 personnes. Comme vous pouvez le deviner il y a eu beaucoup d'émotions surtout quand ils ont nommé tous les noms des défunts au son du violon. Ils ont présenté une plaque commémorative. Le 14 novembre 2010, il y aura une autre messe et aussi une autre plaque avec tous les noms inscrits».

André Garant

Octobre 2009

Sources :

- Entrevue du curé Jean Duval à Saint-Georges-de-Beauce par André Garant,

7 juin 1988

- Entrevue de Thérèse Goulet à Québec par André Garant,

23 octobre 2009

- Louis-Edmond Hamelin, L'Obiou entre Dieu et diable, Éditions du Méridien, 1990

- Saint-François-de-Beauce, je me souviens, 1835-1985, Beauceville.

- http://glaizil.over-blog.com/categorie-10876081.html (photos)

- BMS2000 et Institut Drouin, données généalogiques.