LE COUVENT JÉSUS-MARIE

Vers 1820, le curé de Saint-François-de-Beauce, Charles-Joseph Primeau, fait défricher la terre de la Fabrique. Il loge ses travailleurs à l’arrière du presbytère dans une maison appelée le couvent de Monsieur Primeau. Curé de Saint-François de 1892 à 1925, le curé Louis-Zoël Lambert verra à doter la métropole de la Beauce de jadis d’institutions scolaires de premier plan. Mœurs d’époque obligent, depuis 1894, les garçons ont leur Collège Saint-Louis-de-Gonzague (Collège du Sacré-Cœur)…et les filles auront leur propre école! Le 16 mai 1897, le notaire Philippe Angers dresse le contrat du terrain du couvent, situé au nord-ouest de dame veuve Joseph Grondin. Le 24 août 1897, des Religieuses de Jésus-Marie quittent Sillery pour Saint-François-de-Beauce. Le 6 septembre 1897, soixante-cinq élèves inaugurent le couvent tout neuf.

À cette époque, Mère Euphémia est la Supérieure provinciale des Religieuses de Jésus-Marie. La Beaucevilloise, Marie-Jeanne Doyon (1901-1969) dite Mère Saint-Éloi, R.J.M., fille de Joseph Doyon et de Joséphine Poulin, n’est pas la Supérieure fondatrice du Couvent Jésus-Marie de Beauceville. Ce rôle important est plutôt celui de son homonyme, Mère Saint-Éloi alias Cédulie Gagnon (1858-1917), née à Sainte-Hénédine le 23 février 1858, fille de Laurent Gagnon et de Caroline Fradet. Mère Saint-Éloi décède le 18 août 1917, à l’Hôpital Saint-François d’Assise de Québec. Le 20 août 1917, elle est inhumée à Lauzon, au cimetière Saint-Joseph-de-la-Pointe-Lévy.

En 1900, Louis Veilleux, dit mon oncle Samson, plante une centaine de pommiers, donnés par le curé Lambert. En janvier 1902, le quatrième étage de cette solide bâtisse de briques est aménagé. Aussi, en septembre de la même année, on procède à l’ouverture de l’externat du couvent. En 1906, la statue de neuf pieds et demi de l’Immaculée Conception, dite Notre-Dame de la Colline, trônera sur le toit. La pension d’une élève s’élève alors à six dollars par mois.

Plus en tard, en janvier 1919, une section orphelinat y est aménagée pour quelque temps. De 1923 à 1925, pendant la construction de l’École Normale Notre-Dame-de-Grâce, quatre-vingt-douze Normaliennes sont diplômées au couvent Jésus-Marie, à l’ombre du clocher.

Dès 1945, voisine du couvent, une École Ménagère dispense des cours de couture, de cuisine, en plus des matières académiques. On surnomme cette bâtisse la Maison blanche.

En juin 1954, la Commission scolaire locale gère le Couvent. En décembre 1960, la Commission scolaire procède à la vente de ses neuf petites écoles. En septembre 1961, les 145 élèves du couvent sont toutes des externes. Peu à peu, les élèves du couvent sont transférées à l’École de Léry, ouverte en 1962. Ainsi, en 1966, seules les trois premières années du primaire sont dispensées au Couvent Jésus-Marie. À l’été 1967, les Religieuses vendent une partie de leur terrain pour la construction prochaine de la Polyvalente Saint-François. En septembre 1972, ses classes sont désormais vides.

Enfin, en juillet 1990, les Religieuses de Jésus-Marie quittent le Couvent. Elles logent dorénavant à l’École Normale, devenue École Jésus-Marie. Des Anciennes du Couvent se rappellent, entre autres, de S. Saint-Thomas d’Aquin, de S. Saint-Éloi, de S. Marie de Montfort, de Mère Saint-François…

Après1972, la mission socio-culturelle du Couvent couvre plusieurs secteurs de la vie communautaire beaucevilloise : les Alcooliques anonymes, les Narcomanes anonymes, les Femmes chrétiennes, le Cercle de Fermières, les sessions PRH, la Corporation Culturelle Rigaud-Vaudreuil., la Société d’horticulture de Beauceville. On n’oublie pas les cours de peinture, d’orgue et de piano et les pratiques de chants.

Rendu désuet, le Couvent Jésus-Marie est démoli en 2001. Toutefois, le 21 mars 1993, la fondatrice des Religieuses de Jésus-Marie, Claudine Thévenet, est canonisée.

André Garant

Sources :

Le Couvent Jésus-Marie de Beauceville, 1897-1985, S. Louise Turmel, dans Saint-François-de-Beauce, je me souviens, 1985

Les Religieuses de Jésus-Marie, Beauceville, 1897-1997

Beauceville, 1re Ville en Beauce, 1904-2004 (Des écoles de rangs à aujourd’hui, André Garant)

Louise Turmel, R.J.M. (Sujet: Mère Saint-Éloi, R.J.M.), 2011