L'inspecteur d'école

À Québec, le 15 août 2009, à l’âge de 86 ans est décédé monsieur Lauréat H. Veilleux (1923-2009), époux de Viola Doyon (à Siméon).Il laisse dans le deuil son épouse et leurs enfants: Christian, Marjolaine (Louis Audet), Renée (Claude Vézina), Rémi, André (Jocelyne Beaulieu) et Jean-Claude (Carole Nadeau). Il était le frère de Marcel C., Berthe, Yvette, Lionel A. et Pierrette.https://sites.google.com/site/wwwpatrimoinebeaucevilleca/noeel-au-temps-d-autrefois

Il résidait à Québec depuis plusieurs années. Ancien propriétaire du Chien d’or sur la rue Du fort, près du Château Frontenac.

Il laisse dans le deuil son épouse et leurs enfants: Christian, Marjolaine (Louis Audet), Renée (Claude Vézina), Rémi, André (Jocelyne Beaulieu) et Jean-Claude (Carole Nadeau). Il était le frère de Marcel C., Berthe, Yvette, Lionel A. et Pierrette.

M. Veilleux est né le 8 mars 1923. Il est le fils de Cléophas Veilleux à Philias dit Bouco et de Laure Grondin à Thomas. Lauréat H. et son frère Lionel A. seront tous deux inspecteurs d’écoles. Autrefois résidant de Beauceville (Est), Lauréat H.demeurait au 104 de la 10e rue. Vers 1940, le territoire de Beauceville comprend une quinzaine de petites écoles de rangs.

Le 8 décembre 1960, la Commission scolaire de Beauceville-Ouest vend ses neuf écoles et terrains. L’École Saint-François met fin à ces petites écoles. Ce décès de M. Veilleux fait prendre conscience du chemin parcouru dans le domaine scolaire.

La fonction d’inspecteur d’écoles existe de 1851 à 1964, soit du lendemain de la guerre des éteignoirs de 1846 à la création du Ministère de l’Éducation du Québec, conséquence du Rapport Parent de la Révolution tranquille.

Cette loi de 1846 remplace les cotisations volontaires des parents par une taxe foncière et une taxe mensuelle pour les écoliers, présents ou absents de l’école. À Saint-François-de-Beauce, comme ailleurs au Québec, on vient d’instaurer le système municipal et en 1854, on abolira le système seigneurial. Les contribuables peinent à digérer cette nouvelle façon de faire. À cette époque, les habitants de Saint-François menacent de brûler les cinq écoles de la paroisse. Le curé Joseph-Arsène Mayrand (1848-1849) est empêché de prêcher et tenu presque prisonnier au presbytère de Saint-François. Comme ce dernier craint pour sa vie, pendant quatre ans, plusieurs procès sont intentés contre ces récalcitrants.

Ainsi, en 1851, on crée vingt-trois postes d’inspecteurs au Québec dont le rôle est d’expliquer la loi à la population, inspecter les registres scolaires, les comptes, visiter les écoles, évaluer le personnel enseignant, etc. En 1882, le Code de l’Instruction publique statue que nul ne sera nommé inspecteur d'école à moins qu'il n'ait atteint l'âge de 25 ans, qu'il n'ait obtenu un. certificat ou brevet de capacité ou diplôme d'académie, d'école-modèle, ou d'école élémentaire ; qu'il ait enseigné au moins cinq ans, et qu'il n'ait pas laissé l'enseignement depuis plus de cinq ans, et qu'il ait subi un examen devant le comité catholique ou protestant du conseil de l'instruction publique.

Il sera payé à chacun des inspecteurs telle somme que le lieutenant gouverneur considère comme une rémunération suffisante pour les devoirs remplis par le dit inspecteur ; mais cette rémunération n'excédera en aucun cas le taux de 1200$ par année. Les écoles communes établies dans chaque municipalité, soit dans une Ville soit à la campagne, seront visitées au moins une fois dans l'année.

Le travail de l'institutrice est ainsi supervisé directement par l'inspecteur du Département de l'instruction publique, le curé et le commissaire d'école. On inculque alors la bienséance à la table et on exhorte au silence car il est d’or. En 1871, il est de convenance :

L'institutrice devra s'appliquer autant que possible à faire régner, pendant les classes, l'étude, l'ordre et le silence s'efforçant d'inculquer à ses élèves les principes de la politesse et de l'urbanité. L'institutrice, tout en instruisant ses élèves dans les sciences profanes, aura soin de ne pas négliger l'enseignement religieux, s'appliquant à leur bien enseigner et expliquer le catéchisme et les principaux articles de la religion. L'institutrice devra se conformer exactement en tout point au présent règlement sous peine de perdre son école immédiatement.

Plus tard, en 1915, à l’exemple de Cap-Rouge, le clergé de Beauceville, les commissaires et l’inspecteur d’écoles règlementent le statut des institutrices : vous ne devez pas vous marier pendant la durée de votre contrat. Vous devez être disponible, chez vous, entre 8h du soir et 6h du matin, à moins d'être appelée à l'extérieur par une tâche rattachée à l'école. Vous ne devez pas fumer.

Vous ne devez pas porter de couleurs vives. Vous ne devez, en aucun cas, vous teindre les cheveux. Vous devez porter au moins deux jupons. Vos robes ne doivent pas être plus courtes que deux pouces au-dessus des chevilles. Vous devez entretenir l'école, balayer le plancher au moins une fois par jour, laver et brosser le plancher au moins une fois par semaine, nettoyer les tableaux au moins une fois par jour et allumer le feu dès 7h du matin, de façon à ce que la salle de classe soit réchauffée à 8h.

Les rapports de l’Éducation du Bas-Canada indiquent que pour le territoire de la Beauce d’alors, soit Lotbinière et Dorchester, les premiers inspecteurs d’écoles se nomment : F. Pierre Bélamd de Saint-Antoine-de-Tilly (1851-1877), Georges-Stanislas Vien (1877-1887), Amédée Tanguay (1887-1920), etc.

Souvenirs lointains de l’instituteur itinérant Johann Christof Kaufholtz dit Christof DeBois (vers 1745-1833), un soldat allemand du blockhaus de 1778 qui demeura par après à Saint-François-de-Beauce. Aussi, l’Irlandais Michaël dit Michel Foley à William (1826-1894) du rang Saint-Louis de Saint-François-de-Beauce sera le 2e maire local en 1858, cultivateur et instituteur.

Inspecteur Amédée Tanguay ( photo )

Coup de chapeau à ces maîtresses d’école, ces institutrices des petites écoles de Beauceville : Gemma Caron-Mathieu, Anne-Marie Caron-Mathieu, Lucille Rodrigue-Cloutier, Jeanne D'Arc Rodrigue-Roy, Exélia Bernard-Poulin, Aglaé Quirion-Gagnon, Corinne Veilleux-Quirion, Lucette Morin, Berthe Poulin, Béatrice Grégoire, Marguerite Thibodeau, Gabrielle et Thérèse Latulippe, Mlles Fallu et Langlois…

Congé de devoir, car les jeunes ont bien appris leur petit catéchisme et ont enfin démêlé Jacques Cartier 1534 Canada et Champlain 1608 Québec…la visite de l’inspecteur Veilleux a bien été préparée par la maîtresse|

André Garant

P.S. : Né à Sainte-Marie-de-Beauce, Louis-Philippe Audet (1903-1981) est un historien de l’enseignement très respecté au Québec. Il est l’auteur, entre autres de : Où mène le cours primaire de la Province de Québec ?, 1948, Bilan de la réforme scolaire au Québec 1959-1969, Le Système scolaire du Québec. Organisation et fonctionnement, 1967, Histoire de l'enseignement au Québec 1608-1971, 1971.

Source: Beauceville, 1 e Ville en Beauce,2004

Dossier personnel