Joseph Launière, interprète (1726-1796)

En ce début de régime anglais, petit bourgeois, Joseph Launière servira les Britanniques ici et là dans la colonie : interprète, intermédiaire entre les Amérindiens et l’administration, il consolide les alliances. La guerre d’indépendance américaine gronde. Depuis trois ou quatre générations, les Gamelin Launière ont vécu avec les Amérindiens comme négociants ou interprètes.

Marie-Catherine Brisebois, mère de Joseph Launière, est la fille de Charles Brisebois et de Mercy (dite Ursule) Adams. Lors d’une attaque amérindienne, elle aurait été enlevée au New Hampshire et adoptée par Charles-Antoine Plagnol, commandant du fort de Saint-François-du-Lac, Yamaska.

Au début de la Nouvelle-Beauce, des Amérindiens nomades transitaient par la rivière Chaudière. D’autres étaient semi-nomades. En 1782, la Fabrique de Saint-François-de-Beauce achète la terre paroissiale de Pierre Athanase Matakagondo. En 1785, on retrouve, entre autres, sur la rive nord-est de Saint-François, Étienne Sauvage (lot 29) et son voisin Jean-Baptiste le Sauvage (lot 30).

Selon le procès-verbal du 28 juillet 1785 du grand-voyer Jean Renaud et de Gustave Taschereau, dans le même arrondissement, Pierre-Joseph dit Joseph Launière (1726-1796) occupe la concession 22, la 10 étant celle, au nord-est, du site dit le Rocher. Le 26 octobre 1772, un billet seigneurial accorde le lot 24 à Joseph Launière et le 13 mars 1790, le notaire Louis Descheneaux dresse le contrat de concession de ce même lot, voisin du 25 de Joseph Launière fils, obtenu en 1789. En 2010, un panneau patrimonial (Sites de mémoire de la Beauce) est fixé aux Rapides du Diable concernant l’historique de Joseph Launière et du blockhaus de 1778; naturellement, ce site n’est pas celui occupé jadis par Launière et le blockhaus, mais le site des Rapides étant, en 2010, facilement accessible pour y fixer un tel panneau patrimonial..

Né à Saint-François-du-Lac le 7 décembre 1726, Launière est dit interprète des Amérindiens. Il est le fils de François-Xavier Gamelin-Launière et de Marie-Catherine Brisebois. Le 8 septembre 1749, dans la paroisse Saint-François-Xavier de Saint-François-du-Lac, Yamaska, Joseph Launière épouse Marguerite Renoux, fille de Michel Renoux et de Catherine Marain. Ils auront 18 enfants dont 9 meurent en bas âge.

Il habitera les rues Sous-le-fort et Saint-Pierre à Québec. En 1769, on le retrouvait parrain à Sainte-Marie-de-Beauce de Pierre Joseph Sauvage de parents inconnus. Dans un contrat notarié, Launière est inscrit interprète langue abénaquise. Il aurait parlé 5-6 langues autochtones. Cette famille Launière vécut avec les Amérindiens pendant 3-4 générations. Ses fils Joseph, Michel et Gilles sont aussi interprètes. Michel épouse Josephte Brassard-Deschenaux et devient seigneur de St-Michel-de-Bellechasse. Launière est négociant (de fourrures, entre autres), lieutenant-colonel des milices et capitaine aux Affaires indiennes. En 1788, l’administration coloniale lui octroie 200 louis par année.

En 1775, Benedict Arnold passe en Beauce, en vue d’attaquer Québec. Ainsi, en 1778, appréhendant une réattaque américaine, Carleton envoie Launière en Beauce, un habitué de la région. En 1781, avec un de ses fils et quelques hommes, le capitaine Launière remplacera le capitaine MacAlpine au blockhaus de Saint-François-de-Beauce. Launière maintient les alliances entre Britanniques et Amérindiens qui auraient pu pencher du côté de la Nouvelle-Angleterre.

Le 6 août 1788, une cloche est bénie à Saint-François-de-Beauce. La marraine est l’épouse de M. Launière, tout un honneur pour l’époque. Preuve évidente de l’importance des Launière. Cette petite cloche de 195 ½ lb est de nos jours dans le clocheton du choeur de l'église.

Décédé le 15, le Sieur Joseph Launière, Écuyer, est inhumé à Beauceville le 17 septembre1796. Après la mort de son mari, son épouse ira probablement vivre à Sainte-Marie-de-Beauce, selon l’historien Honorius Provost.

André Garant

Sources :

- Les Anciens Canadiens, 1863, Philippe Aubert de Gaspé

- Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce, 1970, Honorius Provost

- Sites web Joseph Launière

- Dossier personnel

- GARANT André, La barre du jour (Des pionniers de Saint-François-de-Beauce, 1737-1791), C.C.P.B. Éditeur, 2011, 96 pages

Joseph Launière

Actes notariés

Banque Parchemin Épouse: Marguerite Renoux/Renom m.1749-09-08 St-François-du-Lac

1 - 1749-09-20, L.Pillard(TR)Acte rédigé 1749-09-07

Dépôt convention de mariage entre Joseph Launiere, fils de François Launiere, interprète du Roi, résidant à Québec; et Marguerite Renou, fille de Michel Renou, de St-François

2- 1755-04-24, Notaire: P.A.F. Lanouiller-Desgranges (Qc)

Contrat de religion de M-Françoise Comparet, par Joseph Launière, interprète, de la ville de Québec, rue Sous le Fort, aux Ursulines de Québec

3 - 1759-03-09, Notaire: J.C. Panet (Qc)

Vente maison en la ville de Québec, rue Sous le Fort; par M-Catherine Brissebois, veuve de François Launière interprète et Joseph Loniere, interprète, à Honoré Gignier, maître perruquier et Catherine Dyverni, son épouse, de Québec

4- 1759-03-12, Notaire: S. Sanguinet (Qc)

Vente emplacement à Québec, rue St-Pierre; par Geneviève Trefflé dit Rottot, épouse actuelle de Vital Dupont, négociant présentement en France à Joseph Launière, interprète langue abénaquise de la ville de Québec, rue Sous le Fort.

5- 1759-03-24, Notaire: L.Pillard (TR)

Vente de prétentions sur une terre située à St-Francois; par Joseph Loniere, interprète pour le Roi, de Québec, procureur de Marie-Catherine Brisebois, veuve de François Loniere, interprète pour le Roi en la Nouvelle-France, à François-Régis Brisebois, de Yamaska

6- 1759-03-25, Notaire: F.P. Rigaud (TR)

Vente part de terre située île Gamelin à St Francois; par Régis Brisebois, major de milice, dYamaska, procureur de J.Louiere (Loniere), interprète en cette colonie et M-Catherine Brisebois, son épouse (erreur), sa mère, à Antoine Bibaut, habitant, de St Francois

7- 1759-03-25, Notaire: F.P. Rigaud (TR)

Vente part de terre située au chenal Tardif; par Régis Brisebois, major, de Yamaska, procureur de Joseph Lonier, interprète en cette colonie et Marie-Catherine Brisebois, son épouse, sa mère, à André Alard, St Francois

8- 1759-04-09, Notaire: J.C. Panet (Qc)

Obligation de Joseph Loniere, interprète pour le Roi et Marguerite Renom, son épouse à Jean Charles Turpin, négociant et M-Josèphe Bailly, son épouse, de la ville de Québec

9- 1759-03-27, Notaire: S. Sanguinet (Qc)

Vente de droits successif immobiliers, terre île de la Petite Baye en la seigneurie de St-François; par Pierre Hartel de Beaubassin, écuyer et lieutenant d'une compagnie des troupes du détachement de la Marine et Catherine Jarret de Verchere, son épouse, de la ville de Québec, rue des Carrieres, à Joseph Despins, habitant de la seigneurie et paroisse de St-François, gouvernement des Trois Rivieres, ce acceptant Joseph Launiere, interprète en langue abénaquise pour Sa Majesté, de Qc, rue Sous le Fort.

10- 1760-10-11, Notaire: S. Sanguinet (Qc)

Quittance de Charles Turpin, négociant de Qc à Joseph Launiere, interprète et négociant, de la ville de Quebec

11- 1766-11-14, Notaire: J.C. Panet (Qc)

Vente emplacement et maison de pierres situés ville de Qc, au coin des rues des Jardins et Sainte Anne; par Joseph Launiere, interprète des sauvages et négociant et Marguerite Renout, son épouse, de la ville de Québec, à Roger Lelievre, marchand boucher et Marie-Louise Ede dit Crequy, son épouse, de la ville de Québec.

12- 1769-05-09, Notaire: J.C. Panet (Qc)

Accord entre Joseph Launiere, interprète des sauvages et négociant, de ville de Qc, Roger Lelievre, marchand boucher, de ville Qc, et François Mounier, écuyer, conseiller et juge de Sa Majesté dans la Cour

13- 1771-02-25, Notaire: J.C. Panet (Qc)

Constitut d'une rente annuelle et perpétuelle; par Joseph Launiere, interprète et Marguerite Renoux, son épouse, rue St Pierre, à Madeleine Coulon de Villier, veuve de Joseph Damour de Plaine des plaidoyers communs de la province de Québec, au nom et comme fondé de procuration de Antoine Brillault, ancien chirurgien du Roi, veuf de Marie-Anne-Charlotte Francheville, de présent en l'Ancienne France tuteur de ses enfants mineurs portant quittance en faveur dudit Joseph Launiere

André Garant

Source: Métis connection Québec, site internet