Makatagondo et Maurice Bastien, Amérindiens

Le terrain de Pierre Atanase Makatagondo

En 1782, les sauvages Marie Vincent et Pierre Atanase Makatagondo vendent leur terre à la Fabrique de Saint-François d’Assise de Beauce. Ils cèdent aussi l’Île Kokokasso dite Île aux Hiboux. Par cette transaction, la paroisse de Saint-François désire déménager du site du ruisseau Bernard (chapelle et cimetière de 1765), sur le chemin des pionniers nord-ouest, au centre de la seigneurie, sur le site actuel. Avec les installations de la rivière du moulin de la famille seigneuriale Chaussegros de Léry, la vie s’active vers le centre.

En 1784, pas de sacristie, pas de presbytère, le desservant de Saint-Joseph-de-Beauce fait bâtir une petite chapelle en bois pour desservir les censitaires des 53 concessions locales. Sise sur l’emplacement du presbytère d’aujourd’hui, la façade de la chapelle est tournée vers la Chaudière.

En 1891, le curé de Beauceville, Benjamin Demers (1848-1919), natif de Saint-Romuald d’Etchemin, écrit une petite monographie paroissiale, la première à être publiée en Beauce. En 1949, le contrat original de la transaction foncière se trouvait aux archives judiciaires de Québec. Les fautes d’orthographe sont d’époque; les paragraphes ont été ajoutés pour une meilleure lecture.

« Pardevant Moy Joseph augustin Belisle, chirurgien demeurant en la Nouvelle-Beauce aujourd’hui le cinq d’octobre de l’année Mil sept cent quatre vingt deux, il a apparu pierre atanase sauvage et son épouse Marie vincent, qui ont déclaré avoir rendu une terre de trois arpens, située d’un côté à Baptiste Bourg et de l’autre côté à françois Gilbert, aisy que lisle située dans lancedu rapide, tout dans la paroisse de St. françois Seignerie de Rigaud, vendue à Léglise St. François pour la somme de deux cent piastres despagne.

Laquelle some doit estre payés au Retour du dit pierre à tanase de la chase, par es sindics, les Srs.augustin plante et françois Kirion, nommés par la voie unanime de toute lassemblée parossiale de la paroisse st. François acquéruers de la dite terre, le dit pierre atanase et son épouse Marie vincent declarent, par ce présent davor Reçu acompte de la dite vente, la somme de dix piastres despagne, proettent assitst que le sold sera fait de la somme de deux cent dix piastres, de faire passer acte par la Main de Notaire et de Remettre tous les papoiers d’acquistion qu’ils auroient entre ses Mains aux dits sindics pour l,acquisition de la dite terre de L’eglise st. François d’assise aisy fait et passé à st. François la date cy dessu et signe selon leur cotme en présence de Moy la piMpien (sic) est signé de pierre atanase et aussy Jos. Agut. Belisle et est la Marque X de Marie vincent.»

Un mois plus tard, soit le 4 novembre 1782, Marie Vincent, autorisée par son mari, se rend à la maison du capitaine François Quirion. Sont présents Charles Doyon, François Mathieu et Joseph Veilleux. Les syndics Augustin Plante et François Quirion ont reçu 210 piastres tant en or qu’en argent, soit l’équivalent de 1260 livres ou schelings. Une terre de 3 arpents sur 40 de profondeur.

Le 11 janvier 1784, une assemblée des francs tenanciers reconnaît le bien fondé de cet achat, réservé aux curés desservant de la paroisse. Le notaire Louis Miray et le curé-desservant J.-M. Jean signent. Le 12 janvier 1784, le notaire Miray consigne le tout dans les minutes de son greffe.

L’Abénaquis Pierre Athanase Makatagondo est né vers 1752 et décède le 7 mars 1789. Le 26 octobre 1772, il épouse la Huronne Marie Vincent. En secondes noces, le 22 novembre 1790, elle marie le Huron Simon Helene. Enfin, Marie Vincent décède le 31 mai 1798.

Aujourd'hui, 80 000 autochtones vivent au Québec, soit 70 000 amérindiens et 10 000 Inuits ; ils représentent un peu plus de 1% de la population québécoise. Ils sont les descendants des premiers habitants arrivés en Amérique du Nord, il y a plus de 35 000 ans par le Détroit de Béring. En Beauce, il y a sûrement des descendants qui ont du sang amérindien.http://www.beauce.tv/index.asp?vID=1965Sans doute en excursion de chasse à l’orignal en Nouvelle-Beauce, le Huron Maurice Bastien (1822-1897) fait la rencontre de Marie-Louise Loubier (1824-1903), une fille de Joseph-Colomban Loubier et de Marie-Louise Roy de Saint-François-de-Beauce. Ils se marient en 1842 à Saint-François-de-Beauce. De 1883 à 1896, Maurice Bastien, alias Agnolien dit l’ours, devient Grand Chef huron-wendat.

Maurice Bastien père a-t-il déjà entendu parler d’Étienne Wênanguenet, chef des Abénaquis, inhumé en 1817 à Saint-François-de-Beauce?

Les fourrures, pas seulement une affaire d’Amérindiens!

Le 22 février 1770, le notaire Saillant, note à Québec, le marché entre Joseph Loubier, François et Ignace Quirion :

« François et Ignace Quirion, frères, habitants de Saint-François de Satigan, présentement logés à Québec chez Pierre Cressac dit Toulouse, marchands de Québec, rue Saint-Joseph, ont promis de fournir à Joseph Loubier, marchand de Québec, marchand de Québec, demeurant grande rue Saint-Rock, 22 peaux d’orignal pesantes au moins chacune 12 livres poids français à raison de 2 piastres espagnoles ou 12 schelins chaque peau, 30 livres de castor à raison de 3 schelins 10 sols la livre, 60 martes à raison de 48 sols la marte et ce livré dans le cours de juin prochain.

Les dites pelleteries montantes à 85 piastres espagnoles, Joseph Loubier a donné aux frères Quirion un acompte de 54 piastres et les 31 piastres restant à payer, il promet de les payer aussitôt la livraison faite.»

Bientôt, les frères Quirion et Pierre Cressac dit Toulouse habiteront Saint-François-de-Beauce

André Garant

Source :

Notes sur la paroisse de St-François de la Beauce, Benjamin Demers curé, 1891, réédité en 1981.

GARANT André, La barre du jour (Des pionniers de Saint-François-de-Beauce, 1737-1791), C.C.P.B. Éditeur, 2011, 96 pages

Photo de Maurice Bastien père: Archives nationales du Québec, Québec, Image 03Q_P560_S2_D1_P001648.jpg