LES COURS D'EAU DE BEAUCEVILLE

Entre les Rapides du diable et le Rocher, combien de débàcles ont surpris les Beaucevillois au fil des ans? Méandres sournois. Cependant, les Amérindiens et les pionniers locaux s’installaient jadis à proximité de la rivière Chaudière, entre autres. Les cours d’eau étaient nécessaires pour les moulins, le transport, la lessive, la baignade, l’arrosage agricole, etc.Cet héritage de ce choix des Beaucevillois d’hier explique en bonne partie la réalité des traditionnelles inondations. Bâtis en zones inondables, les riverains de la Chaudière s’habituent-ils à ces fréquentes sautes d’humeur? De plus, les coteaux abruptes de Beauceville ont été dénudés depuis près de 275 ans d’histoire, accélérant ainsi le débit des eaux de surface.

Longue de plus de 185 kilomètres, la rivière Chaudière prend sa source dans le lac Mégantic à l'extrémité sud du bassin et coule en direction nord, pour aller se jeter dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Saint-Romuald, à Lévis. Ses quatre principaux tributaires sont, de l'amont vers l'aval, les rivières du Loup et Famine, le Bras Saint-Victor et la rivière Beaurivage, qui drainent ensemble environ 46 % de la superficie totale du bassin.

La Chaudière draine un bassin versant de 6682 kilomètres carrés, d'abord dans la région des montagnes Appalaches, puis dans les basses-terres du Saint-Laurent, comptant 236 lacs couvrant 62 kilomètres carrés et environ 180 000 habitants. Son débit moyen annuel à la station de Saint-Lambert-de-Lauzon est de 114 m³/s, variant de 11 m³/s à l’étiage à 470 m³/s lors des crues printanières, avec des pointes historiques à 1760 m³/s.À Saint-François-de-Beauce, le Terrier Rigaud-Vaudreuil (1737-1800) et des procès-verbaux des grands voyers(1785) dévoilent une toponymie aquatique oubliée. Rive Est : Ruisseau du Vautour, Ruisseau Domaine, Ruisseau aux Belettes, Ruisseau aux Goglues, Ruisseau de la Taupe, Ruisseau aux Maringouins. Rive Ouest : Ruisseau de la Fougère, Ruisseau du Rat musqué, Ruisseau de la Chouette, Ruisseau Mystère, Ruisseau du Coq, Ruisseau du Cormier, Ruisseau de la Louve, Ruisseau du Chien, Ruisseau Blanc, Ruisseau Brouillant, Ruisseau du Sauvage.

D’autres anciennes cartes de Saint-François-de-Beauce et de Beauceville font mention des lacs : Rond, Ontario, Volet, Douville, Calvaire ou à la Perdrix. Sur la rive Est : Ruisseau à Bolduc, Ruisseau Veilleux, Ruisseau Poulin, Ruisseau Bertrand, Ruisseau Dallaire, Ruisseau Marcoux, Ruisseau Olivier, Ruisseau Mercier, Ruisseau du Fort, Ruisseau Giroux, Ruisseau Régis, Ruisseau Fraser ou Saint-en-Peine, Rivière Noire. Rive Ouest : Ruisseau du Raccourci, Rivière Mathieu, Ruisseau Bernard.

Les quatre rivières suivantes méritent un coup d’œil :

Rivière du Moulin

Cours d'eau d'une longueur de sept milles environ, tributaire de la rivière Chaudière, dans la seigneurie de Rigaud-Vaudreuil, qui prend sa source principale dans le lac Fortin, canton de Tring et coule nord à son embouchure dans Beauceville. Les Chaussegros de Léry se portent acquéreurs de la seigneurie Rigaud-Vaudreuil en mars 1772. Ils y bâtissent des moulins alimentés par la décharge du lac Fortin (lac aux Pins) de Saint-Victor.

Le ruisseau des Meules se jette dans la rivière du Moulin où on moulait les grains. Vers 1910, les Champs d'or Rigaud-Vaudreuil y font des investissements majeurs sur la recherche aurifère.

Rivière Saint-Victor (Le Bras)

Affluent majeur de la rive gauche de la rivière Chaudière, ce cours d’eau s'étire sur plus de 40 km. Des hauteurs du canton de Shenley, où il prend sa source principale, le Bras Saint-Victor coule en direction sud-nord jusqu'à Saint-Éphrem-Station, dans le canton de Tring. De là, jusqu'à Saint-Victor-Station, il entreprend un cours sineux dans un secteur marécageux dénommé Les Prairies. Il traverse ensuite, sans vigueur et en dessinant quelques méandres étalés, une zone dite des Eaux-Mortes.

Son cours devenant plus énergique, il s'oriente nord-est pour traverser Saint-François-de-Beauce et dévale une cascade haute de 6 mètres, à 2 kilomètres environ de son embouchure qui se trouve juste en face de l'île du Père. Cette embouchure a servi à délimiter, en 1737, la seigneurie Saint-Joseph-de-Beauce de celle de Rigaud-Vaudreuil. Les documents de l'arpenteur Noël Beaupré parlent du Bras dès 1737, et l'usage de ce nom s'est imposé comme en témoignent les archives et les cartes. Le Bras est une expression toponymique qui en a embarrassé quelques-uns, peu au courant de l'usage français de ce mot qui désigne soit les affluents d'une rivière, soit les ramifications d'un cours d'eau dans son delta. Aussi, en 1921, verra-ton apparaître Victor River sur une carte minière. Par la suite on écrit assez fréquemment Rivière ou Bras Saint-Victor.

Lors de la fonte printanière de la neige ou des grosses pluies, l'apport en eau de cette rivière est déterminant pour l'inondation des fonds de la Chaudière. On a souvent proposé la construction d'un barrage qui régulariserait le débit du bras. Variantes : Rivière du Désert ou Rivière Prévost.

Rivière des Plante

Cet affluent de la rive droite de la rivière Chaudière prend sa source dans les hautes-terres du plateau beauceron, près de Saint-Odilon-de-Cranbourne. S'orientant sud-ouest, il traverse une partie de l'ancienne seigneurie Rigaud-Vaudreuil, aujourd'hui Beauceville, et débouche sur la Chaudière, presque en face du Bras Saint-Victor, situé sur l'autre rive.

La rivière des Plante reçoit plusieurs petits affluents, surtout sur la rive gauche : le ruisseau de la Quarantaine, le ruisseau des Chicots et le ruisseau Fraser (autrefois dénommé Ruisseau en Peine). Son cours, passablement rapide, est souligné par d'assez nombreuses cascades correspondant à des bandes transversales de diorite et de serpentine, signalées par le géologue Obalski en 1898. À diverses reprises on y a exploité l'or et l'amiante. Le nom est attesté dès 1785 dans un procès-verbal de Jean Renaud et de G. Taschereau sur les chemins où l'on précise qu'il faudra «un pont de 40 pieds sur la rivière à Guillaume ou des Plantes». Or, Augustin Plante, un des pionniers de la seigneurie, habite alors tout près.

Par la suite, le nom se rencontre constamment sur les cartes et ne semble pas avoir connu de variantes notables si l'on excepte la forme Rivière aux Plantes, évidente allusion botanique, à moins qu'il ne s'agisse que d'une erreur d'écriture.

Eugène Rouillard, en 1914, écrivait Rivière des Plantes, ce qui, sous cette forme, et malgré la présence du s final, fait normalement allusion à un patronyme, connu dans toute la Beauce. Près de l'embouchure se trouve un lieu-dit, Rivière-des-Plante, appellation qui fut celle d'un bureau de poste entre 1880 et 1928, sous la forme Rivière-des-Plantes toutefois. Autre variante : Rivière La Plante.

Rivière Gilbert

Ce petit cours d'eau ne mesure pas plus qu'une dizaine de kilomètres. Il a pourtant une importance considérable dans l'histoire et la géographie de ce coin de la Beauce. Il symbolise, en effet, la fièvre de l'or qui s'était emparée de la région au milieu du XIXe siècle. De façon fortuite, un dimanche de 1846, Clotilde, fille de Léger Gilbert, aurait découvert sur les bords de la rivière une première pépite d'or «grosse comme un œuf de pigeon» et vendue 40 $ à l'époque. L'affaire allait par la suite intéresser prospecteurs et sociétés, et notamment la famille de Léry alors propriétaire de la seigneurie Rigaud- Vaudreuil. La rivière confirma vite son nom de Gilbert et fut bientôt connue dans tout le pays.

Affluent de rive droite de la Chaudière, la rivière traverse Saint-Simon-les-Mines et rejoint Notre-Dame-des-Pins où se trouve son embouchure. Elle s'appelait d'ailleurs autrefois Rivière de la Touffe-de-Pins, ce nom ayant été longtemps celui d'un lieu-dit désignant le site où elle débouche. Depuis la côte à Capitaine jusqu'à son point de confluence, la rivière dévale de plus de 40 m sur une distance de 1 km.

Le hameau de Rivière-Gilbert est situé à l'embouchure du ruisseau à Bolduc, dans les limites du secteur de Saint-François-de-Beauce, à Beauceville, à un peu plus de 2 km en aval sur la rivière Chaudière. Rivière-Gilbert est en réalité le nom du bureau de poste établi sur le site appelé Village-de-la-Punaise ou Faubourg-des-Punaises, où le général Arnold avait établi ses quartiers du 1er au 7 novembre 1775. Variantes : Rivière Caron, Rivière des Mines, Rivière Punaise, Branche Nord-Est, Branche Nord-Ouest, Ruisseau à Paul.

Rivière Calway

Cette rivière se situe à proximité des bornes entre Saint-Joseph et Beauceville. La rivière Calway, qu'on a aussi appelée Galway, prend ses sources dans les hautes-terres situées aux limites du canton de Cranbourne et de l'ancienne seigneurie Saint-Joseph-de-Beauce. S'orientant sud-ouest, elle traverse la municipalité de Saint-Joseph-de-Beauce sur la rive droite de la Chaudière qu'elle atteint à 8 km environ en aval de Beauceville. Une dénivellation de près de 8 mètres, connue sous le nom de Chute du Diable, marque son cours à 3 km en amont de son point de confluence.

On a cherché à expliquer le nom de la rivière par une déformation de Caldwell. Il est vrai que les géologues ont donné le nom de Caldwell à une série de roches d'âge primaire qui se rencontrent dans la région. L'explication est pourtant plus simple puisque la désignation de la rivière rappelle James Calway, meunier et marchand de Saint-Joseph-de-Beauce qui, entre 1844 et 1848, se chargea d'organiser une route postale pour desservir la Beauce. Ce marchand est aussi connu parce qu'il se fit l'instigateur des premières expositions agricoles de la région.

En 1872, le recensement municipal de Saint-François-de-la-Beauce le présente comme cultivateur habitant le 1er Rang Nord-Est. Calway est également le nom d'un lieu-dit devenu hameau, situé près de l'embouchure de la rivière, à proximité de la route et du chemin de fer et en bordure des fonds de la Chaudière. L'endroit est connu de toute la Beauce. On se rend à la Calway, principalement au printemps, pour les parties de sucre. Vers 1940, les gisements de glaise de la Calway ont servi à la production de céramique; on en a cependant interrompu l'exploitation en raison de la mauvaise aptitude de cette glaise à la cuisson.

André Garant

Sources :

Le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs du Québec

Terrier Rigaud-Vaudreuil, Archives nationales du Québec

Rapport du grand voyer Jean Renaud, 1785

Wikipedia

Dossier personnel