Des pionniers de Saint-François-de-Beauce

Depuis belle lurette, la rivière Chaudière sert de voie de transit pour des Amérindiens. Se surprend-t-on que la terre de la Fabrique de Saint-François-de-Beauce soit vendue par Pierre-Athanase Makatagondo? En 1817, le chef des Abénaquis Étienne Wênanguenet est inhumé à Saint-François. Aussi, en 1842, Maurice Bastien, le grand chef des Hurons, épouse une Beaucevilloise, Marie-Louise Loubier.

Concédée en 1737, la seigneurie Rigaud-Vaudreuil dite de Saint-François-de-la-Beauce est considérée comme la troisième plus ancienne localité beauceronne après Saint-Joseph et Sainte-Marie. Ses registres religieux n’ouvrent que le 25 juillet 1765 par la sépulture de celui qui est reconnu comme le pionnier de Saint-François, Guillaume Létourneau (1708-1765). En effet, l'arpentage de sa terre date de 1739 et, dès 1741, une de ses filles est baptisée à Saint-Joseph-de-Beauce.

Né en France en 1708, Guillaume, est le fils de Guillaume Létourneau et de Marie Grigaud. En 1740, il épouse Françoise Rodrigue à La Nativité-de-Notre-Dame de Beauport. Françoise est la fille de Vincent Rodrigue à Jean et de Angélique Giroux à Toussaint. Dès 1740-1741, à Saint-François-de-Beauce, relevant de Saint-Joseph, Létourneau occupe une terre sans billet.Le 26 juin 1741, Jean Busc dit Busque (1720-1794) est noté au Terrier de Rigaud-Vaudreuil comme sans titre (squatter) au lot 20 du premier rang nord-est de Saint-François-de-Beauce, Entre 1777 et 1780, il se relocalise sur la rive ouest de Notre-Dame-des-Pins, alors sur le territoire de Saint-François. En 1747, il épouse Geneviève Cloutier et en 1749 Marie-Louise Rodrigue.

Charles-Amador Doyon (1724-1794) est le deuxième censitaire à s’établir à Saint-François. Le 4 juillet 1742, Charles Doyon obtient un lot de 3 par 40 arpents, avec les îles et îlets au devant de sa terre, y compris l’Île Boisée. Charles Doyon ne vient habiter sa terre qu’en 1745. En 1747, il épousera Marie-Louise Rancourt et Marie-Louise Grenier en 1783.

Deuxième voisin de Doyon, Jean Rodrigue (1711-1783) est aussi un des premiers censitaires. D’après le Père dominicain Dominique Doyon, en 1745, Jean Rodrigue lève un camp sur sa terre. De 1764 à 1773, Rodrigue est seigneur du fief Sainte-Barbe-de-la-Famine dans l’est de Saint-Georges. En 1731, il se marie à Dorothée Fugère et en 1759 à Marie Boulet.

En 1791, Godefroy Bernard (1765-1826) obtient un billet de la concession. Le 20 janvier 1794, Godefroy Bernard épouse la fille du notaire Louis Miray, Brigitte Miray. Cette terre ancestrale familiale appartient toujours à la famille Bernard. Affluent de la rivière Chaudière, le ruisseau Bernard est le site de la chapelle dite Bernard de 1765 à 1784. Fils de Zacharie Bolduc et de Jeanne Meunier, Jean Bolduc (1732-1799) épouse Louise Quirion en 1750. Le couple s’installe peu après à Saint-François. D’autres membres de cette grande famille feront racine, tels Joseph-René Bolduc.

Saint-François-de-Beauce est le pays des Poulin, mais il importe de rendre hommage aux Boucher, Bourque, Busque, Caron, Cloutier, Fortin, Gagné, Gagnon, Gilbert, Giroux, Gosselin, Goulet, Groleau, Grondin, Jolicoeur, Kaufholtz, Lachance, Launière, Lessard, Loubier, Maheu, Mathieu, Mercier, Morin, Paré, Plante, Quirion, Rancourt, Roy, Thibodeau, Toulouse, Vallée, Veilleux et autres.

Inauguré le 12 juin 2011, visant la période 1737-1791, un grand livre commémoratif de cinquante pionniers et de familles souches trône près de l’église paroissiale de Beauceville. Une visite s’impose.

Saint-François-de-Beauce est le pays des Poulin, mais il importe de rendre hommage aux Bourque, Busque, Cloutier, Fortin, Quirion, Rancourt, Roy, Thibodeau, Toulouse, Veilleux et autres.

Héritage d’un patrimoine terrien familial plus que centenaire, voici quelques exemples :

- Voisine de la rivière Le Bras, la terre de Daniel Poulin (à Joseph à Absolon à Fortunat à Isaïe) appartient à cette famille Poulin, quelques années avant 1768..

- Depuis le 9 mars 1815, Godefroy Bernard devient censitaire d’une terre au ruisseau Bernard. Alain Bernard à Roland (1927-2012) à Charlemagne est devenu la 7e génération à posséder cette terre familiale.

- Quant à Rémi Bolduc à Lucien à Augustin, il représente la 8e génération sur la ferme familiale, datant du 15 août 1793.

- Depuis 2003, Sylvain Bolduc à Paul représente la 10e génération familiale sur cette terre de l’ancêtre Joseph-René Bolduc de 1754.

- La terre actuelle de Serge Busque à Arthur à Alphonse est celle de Charles Busque en 1827.

Le monument des pionniers

Dévoilée à Beauceville le 12 juin 2011, en forme de livre, une plaque commémorative est sise à proximité de l’église de Beauceville. Ses dimensions sont imposantes : le livre (1000 lb), le socle (800 lb), la base (1000 lb), la largeur (36 pouces), la hauteur (36 pouces) et l’épaisseur (de 5 à 8 pouces). Le matériau employé est du granite noir pour le livre et gris pour le socle et la base. En 2012, la Beauce célèbre ses 275 ans d’histoire; En 2011, Beauceville a déjà souligné le 275e officieux, car le gouverneur Beauharnois et l’intendant Hocquart ont concédé la Nouvelle-Beauce dès 1736.

Le Terrier Rigaud-Vaudreuil contient 160 lots appartenant à environ 120 censitaires différents

Complément au monument ancestral, André Garant publie un livret historique de 96 pages, La barre du jour. Cette publication retrace la première vague d’inscrits au Terrier, uniquement sur la période de 1737 à 1791. Seuls les pères pionniers ont été retenus, non leurs fils. Aussi, les épouses de ces censitaires sont ici mentionnées. Sur le socle dudit monument est gravé : Reconnaissance aux épouses de ces pionniers. À l’occasion, il est pertinent de noter quelques pionniers, même s’ils n’ont pas fait souche. Enfin, il était impossible de graver tous ces 160 censitaires et leurs conjointes. Il a fallu ignorer les nombreux inscrits aux chaines de titres, en laissant de côté les censitaires d’après 1791. De 160 lots à 120 censitaires à 50 fondateurs…On y retrouve les principaux patronymes des Beaucevillois actuels.

Parfois sans titre, le squatter devient censitaire et reçoit d’abord un billet de concession, titre temporaire qui va lui permettre de faire ses preuves. Par la suite, s’il démontre son intérêt à défricher et à cultiver sa terre, il obtiendra un contrat notarié de concession. Parmi ces premiers arrivants, on dénombre des habitants qui feront souche en Beauce ou ailleurs, et des étoiles filantes, inscrites seulement quelques mois sur le terrier. Il y eut aussi des spéculateurs.

Né en France, Guillaume Létourneau (1708-1765) voit arpenter sa terre en 1739 et semble l’occuper dès 1740. Aussi, en 1741, une de ses filles se fait baptiser en Nouvelle- Beauce. Cette terre ancestrale de Létourneau se situe à proximité du ruisseau Guillaume dit rivière des Plante, sur la rive est de la Chaudière. On le reconnaît comme le pionnier des pionniers de Saint-François-de-Beauce.

Parmi ces pionniers gravés sur la plaque souvenir, on retrouve aussi des familles souches de l’actuelle Ville de Beauceville :

Godefroy Bernard, Jean Bolduc, Joseph-René Bolduc,Pierre Boucher,Jean-Baptiste Bourque, Paul Bourque,Jean Busque, Jean-Baptiste Caron,Zacharie Cloutier,Charles-Amador Doyon, François Fortin, Joseph-Marie Fortin,Pierre Gagné, Jean Gagnon, Augustin Gilbert,François Gilbert, François Giroux,Guillaume Gosselin,Jacques Goulet, Jean-Baptiste Groleau, Joseph Grondin,Jean-Baptiste Jolicoeur, Johann Christof Kaufholtz, Antoine Lachance,Joseph Launière, Augustin Lessard, Guillaume Létourneau,Joseph Loubier, Jean Maheu, Pierre-Athanase Makatagondo, François Mathieu, Augustin Mercier, Alexis Morin,Pierre Morin, Louis Paré, Augustin Plante, Dominique Poulin, Joseph Poulin,François-Marie Quirion, Ignace Quirion, Jean-Baptiste Rancourt, Joseph Rancourt,Ignace Rodrigue, Jean Rodrigue, Joseph Roy,Jean Thibodeau, Joseph Thibodeau, Pierre Toulouse,François Vallée, Augustin Veilleux.

Aussi, on note un clin d’œil aux Amérindiens (Pierre-Athanase Makatagondo, propriétaire de la future terre de la Fabrique). De plus, Joseph Launière sert d’interprète auprès des Amérindiens et est en charge du blockhaus bâti en 1778 dans l’est de Saint-François-de-Beauce. Johann Christof Kaufholtz est alors un militaire attaché à ce fortin.

Cette journée hommage du 12 juin 2011 est due à l’initiateur et le chargé de projet, Pierre Cloutier. Il est alors assisté de la permanente du Comité Culturel et Patrimonial de Beauceville, Andrée Roy, de Michel M Mercier, administrateur du CCPB et de Gisèle Fournier. Grâce à de généreux partenaires et collaborateurs financiers, on cristallise la devise :

Le patrimoine, la mémoire d’un peuple.

Source: dossier personnel

GARANT André, La barre du jour (Des pionniers de Saint-François-de-Beauce, 1737-1791), C.C.P.B. Éditeur, 2011, 96 pages

http://museum.gov.ns.ca/loyalistesnoirs/18001900/Objects1800/plough.htm

Photo du monument: Michel M Mercier