Notre médecine populaire

Photo: Noël Lessard

ramancheur, St-Victor

de Beauce

Le meilleur remède contre la maladie, c’est la santé, ricanait Maurice Duplessis! L’enfance, c’est la béquée bobo, on souffle dessus et c’est parti. Il y a encore 50 ans, les parents ne juraient que par le Castoria, l’huile de castor et l’huile de foie de morue. La fameuse purgation de graines de lin bouillies…Souvenance aussi du sirop Wampole et de la tisane de l’abbé Warrey. Que dire du subterfuge des carrés de supposé chocolat Exlax…La constipation trouble les humeurs, la purgation ramène le sourire, que l’on disait. La racine de rhubarbe fait suposément déclencher le pire des constipés. Heureusement, elle est loin l’époque des docteurs qui administrent la saignée pour tout et pour rien.

Et un de mes oncles qui donnait à ma mère des grains de plomb de cartouches pour chasser…l’acné! Parfois, la maman avant-gardiste faisait jeûner son enfant et lui emplissait la cruche d’eau. Les premiers mots d’anglais appris sont dûs à la pomme : an apple a day keeps the doctor away! Les carottes, c’est bon pour les yeux, mon Jeannot. Maman le répétait : va prendre l’air, penses-y plus à ton mal, fais un homme de toi, ton grand-père n’a jamais pris de remèdes, lui!

Tu sais le docteur, ça coûte cher…Pendant ce temps-là, la Pharmacie Rexall faisait ses fameuses ventes à une cenne. Le foie de porc ou de bœuf, ça coûte pas cher et ça a fait ses preuves, apprenaient les jeunes ménagères. Et si la maladie perdure, il suffit d’offrir ça au Bon Dieu. Faire pénitence.

Il y avait bien certains herbages à propriétés curatives presque miraculeuses, jalouses exclusivités familiales transmises d’une génération à l’autre. Style secret du Colonel Sanders! Ouvre la bouche, pince le nez, prends une grande respiration. Rassurant? Nos grands-parents et la pinte de brandy, de gin sous le lit : histoire de mieux dormir, de chasser un début de rhume, de prévenir…on ne sait jamais. Un œuf battu avec de la vanille donne des forces. Mâcher de la gomme d’épinette, boire le jus d’épinette rouge donnent des petits soleils de santé.

Si un adolescent est maigrichon, un petit verre de Porter Champlainen cleanantva voir maman, elle va t’arranger ça, elle? Que penser des verrues frottées avec un pois, une bean et la jeter à l’arrière de l’épaule sans regarder? Le sirop d'oignons, le sirop de crottes de moutons, la gousse d'ail pour prévenir les vers intestinaux sans oublier l'huile à lampe pour prévenir les poux, le carré de camphre à la camisole pour chasser une mauvaise toux? Et la mouche de moutarde? Le repos, alitement déstresse et l’esprit, nettoye les sangs et la maladie n’a pas de pogne, juraient certaines mères…

Le premier médecin de la Beauce, Johann Heinrich Ernst Münkel (1799-1864) dit le Dr Lalemand, est né à Hanovre, Allemagne. Installé à Saint-Georges-de-Beauce, il pratique ici et là en Beauce. Münkel prescrit fréquemment la calomel, un fort purgatif, un diurétique, un vermifuge efficace. Indiqué contre la tuberculose, les méningites, la diphtérie, la scarlatine et les maladies infantiles dévastatrices de jadis?

Que dire de ces dons passés d’une femme à un homme à une femme : contre le mal de dents, des yeux,de tête, récitez « Mon Dieu, mettez votre main avant que j’y touche.» Faire le tour de l’endroit du mal avec la main et faire trois croix.

Ne retournons pas, de grâce, aux croyances cabalistiques, ésotériques des grimoires anciens, comme Le grand et le petit Albert : le mal d’estomac est causé par le soleil. Donc, prendre à l’heure de Mars, Mercure ou Lune, les ennemis du soleil, comme une poule à tuer. Il suffit de sortir du petit ventre le genre de peluche (?) s’y trouvant et la boire avec du vin.

André Garant

Sources :

Dossier personnel et souvenirs d’enfance