Les Écoles Normales

«Autrefois, je considérais que chaque original était un malade et un anormal, mais à présent je considère que l’état normal d’un homme est d’être un original», écrivait Anton Tchékov.

Le terme NORMALE a toujours fait sourire…donc, il y a des écoles anormales ? Ce terme semble être pris dans le sens de qui sert de norme, de règle, de modèle, d’idéal. Donc la normalisation, c’est se soumettre, entre autres, à une certaine standardisation.

Naturellement, la France a déteinte sur le Québec : les horaires des Séminaires et de leurs cours classiques de jadis : cours le samedi, congés les après-midi des mardi-jeudi, style lycée français.

De plus, les Écoles dites normales sont issues de la France. Une normalienne ou un normalien est, à l’origine, un ancien élève d’une école normale. École normale supérieure de la rue d'Ulm à Paris est la pionnière. Une loi française de 1794 décrète :

« Il sera établi à Paris une École normale, où seront appelés, de toutes les parties de la République, des citoyens déjà instruits dans les sciences utiles, pour apprendre, sous les professeurs les plus habiles dans tous les genres, l’art d’enseigner. »

«Créées en 1836 par l’Acte visant à pour voir à l’établissement d’institutions de formation des instituteurs et institutrices dans chacune des régions de la province de Québec (6 Guill. IV, c. 12), les écoles normales se sont graduellement étendues à tout le territoire en passant de deux à 115 entre 1857 à 1963 », selon la Fédération des Écoles Normales du Québec.

Au Québec, les premières écoles normales ont surtout vu le jour en 1857, avec la création des trois premières écoles normales d'état: Jacques-Cartier (Montréal), Laval (Québec) pour les francophones et MacDonald (Montréal) pour les anglophones. En Beauce, l’École normale ferme en juin 1969 et le cours de pédagogie est dispensé dorénavant par les universités elles-mêmes.

En 1963, note le Rapport Parent, il y a dans la province de Québec 11 écoles normales de garçons, 70 écoles normales de filles, 25 scolasticats écoles normales pour le personnel enseignant religieux, soit un total de 106. Alors que le Canada entier possède 150 établissements de formation pédagogique, la province de Québec en compte à elle seule 115, y compris les écoles universitaires de pédagogie et les écoles normales spéciales.

Je suis aussi un ex-normalien qui a fait son Brevet A (15 ans de scolarité) à l’École normale de Beauceville de 1966 à 1969. Des cours de perfectionnement viendront compléter cette scolarité. Cette école fut administrée par les Religieuses de Jésus-Marie de 1923 à 1966 (filles uniquement) et de 1966 à 1969 (mixte). Diplôme de l’Université Laval de Québec. J’ai enseigné au secondaire pendant 33 ans, surtout en 4e et 5e secondaires en histoire. Je suis retraité depuis 2002.

Inauguré en 2005, le circuit patrimonial de Beauceville dévoile :

« On bâtira l’École Normale Notre-Dame-de-Grâce sur un paisible coteau du Sud-Est de la ville. Le site choisi offre une vue imprenable de Beauceville. Une sapinière et l’orée d’une typique érablière beauceronne de 3000 arbres ajoutent au cachet. De 1923 à 1925, pendant les travaux de construction, 92 Normaliennes reçoivent leurs diplômes au Couvent Jésus-Marie, situé à l’ombre du clocher, sur la rive Ouest.

Voisine de l’École normale, une grosse bâtisse blanche est dite Manoir Chapdelaine. De 1897 à 1899, le futur scientifique en microbiologie, le « professeur » Félix-Hubert Haerens d’Hérelle (1873-1949), un Français de Longueuil, et son frère Daniel-Hubert (1876-1938) investissent à Saint-François-de-Beauce, renommée pour son vin Tarragone et ses mines d’or. En 1896, le menuisier Cyrille Larochelle à Damase leur construit la St-François Co., une chocolaterie et une distillerie de whisky, dont l’alcool est extrait du sirop d’érable. À partir de 1911, Félix Haerens d’Hérelle devient, entre autres, collaborateur scientifique de l’Institut Pasteur de Paris et de l’Institut de Radium. Aussi, ce savant globe-trotter découvre en 1917 le bactériophage et enseigne même la protobiologie à l’Université Yale des États-Unis. En 1948, il reçoit le prix Petit-d’Ormoy de l’Académie des sciences.

De 1923 à 1933, Gustave Bouchard se porte acquéreur de l’hôtel de Gabriel Berberi, futur Hôtel Beauceville. De 1928 à 1932, Gustave Bouchard et son fils Roméo, de 1932 à 1938, opèrent, en été, un deuxième établissement hôtelier, l’ancienne chocolaterie-distillerie Haerens, devenue le Manoir Chapdelaine. Gustave est le frère de l’institutrice Éva Bouchard (1885-1949), la supposée muse légendaire du Français Louis Hémon (1880-1913), l’auteur de Maria Chapdelaine, publié en 1916 en édition canadienne.

En janvier 1928, Éva «Chapdelaine» Bouchard donne une causerie à l’École Normale de Beauceville : elle vante les mérites de la vie de défricheurs à celles qui n’auraient pas la vocation religieuse. La légende romanesque se perpétue à Beauceville.»

Environ 5000 étudiantes et étudiants ont fréquenté cette institution.

1923-1954 : 1207 brevets élémentaires

1923-1956 : 469 brevets complémentaires, 196 brevets supérieurs

1954-1956 : 60 brevets D

1955-1961 : 333 brevets C

1956-1969: 539 brevets B

1966-1969: 58 brevets A

En septembre 1973, cette école privée devient l’École Jésus-Marie de Beauceville et dispense le cours secondaire au complet.

André Garant

Sources :

Saint-François-de-Beauce, je me souviens, 1835-1985

Circuit patrimonial de Beauceville, textes des panneaux thématiques, André Garant, 2005

Andrée Roy